1. « Anticiper et savoir dire non » 1. « Anticiper et savoir dire non »
Pour garder le plaisir d’exercer leur métier, Agnès et Christophe Jouault ont mis en place une organisation rigoureuse de leur travail, qu’ils font régulièrement évoluer.
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En 1997, lors de leur installation en maraîchage bio à Saint-Pierre-des-Landes (Mayenne), Agnès et Christophe Jouault ont tout de suite évoqué leurs exigences : « Autonomie de décision, formation régulière et attention à l’humain ont toujours été nos trois piliers », précise Christophe. « Nous avions déjà une maison confortable », souligne Agnès Jouault (1). Pas question de sacrifier leur vie de famille ni leur capital santé au métier qu’ils ont choisi. À l’époque Christophe quittait le lycée de Laval et Agnès un poste d’assistante à l’ADMR. Avec un objectif : viser rapidement un Smic par personne. Objectif assez vite atteint et dépassé vingt ans plus tard.
Aujourd’hui, ils disposent de 7 ha autour de leurs bâtiments. Ils cultivent une cinquantaine d’espèces de légumes sous 3 000 mètres carrés de serres et sur 2 ha (rotation de trois ans). Agnès poursuit : « Pour conserver le plaisir de pratiquer notre métier, nous avons programmé notre travail. Cela soulage l’esprit. Début janvier, nous établissons en trois jours notre agenda pour l’année. En anticipant, nous évitons de subir. Nous courons moins. Nous notons ensuite tous les jours le travail effectué sur cet agenda. Tous les vendredis, nous affichons sur un tableau le programme de la semaine à venir. Le salarié s’y retrouve. Et nous effaçons au fur et à mesure les tâches terminées. »
Faire des choix
Par souci d’efficacité, le couple a arrêté le marché du mercredi. « Depuis 2010, nous nous consacrons du lundi au mercredi à la seule production. Nous récoltons le jeudi suivant les produits commandés sur notre site. Nous livrons nos paniers le vendredi et nous assurons le marché le samedi. » Aujourd’hui, le marché de Cesson-Sévigné, aux portes de Rennes, assure 60 % de leur chiffre d’affaires, leur Amap 30 % et les paniers individuels les 20 % restants. « Nous avons onze lieux de dépôt à moins 30 km autour de l’exploitation. »
En 2014, ils ont suivi une formation « Mieux vivre son travail » organisée par l’Afocg de la Mayenne, association de formation collective à la gestion (1) : « A 48 et 46 ans, nous voulions rester en forme jusqu’à la retraite. Notre salarié avait 57 ans : comment allions-nous vivre ces dernières années avec lui alors que notre système avait évolué ? Enfin, nous aimons partager avec d’autres agriculteurs en circuit court, même s’ils ne sont pas maraîchers. Au cours de ce stage, nous avons appris à dire non, à nous poser des limites, à fixer des règles claires vis-à-vis des clients. » Agnès et Christophe Jouault sont plus regardants quand on leur demande d’être présents lors d’une animation locale, « sauf si c’est dans notre fibre militante », précise Christophe.
Un site internet efficace
Ils ont surtout investi dans un nouveau site internet, conçu par la jeune société nantaise « Panier local ». « Le nôtre était dépassé. Le nouveau a coûté 300 euros à la mise en place puis 60 euros par mois d’abonnement. Le gain de temps et l’efficacité le justifient », selon Agnès. En début de semaine, les maraîchers affichent les produits disponibles sur leur site « desclicsaupotager ». Le jeudi matin, les commandes sont bloquées. « Nous éditons la liste des produits, les commandes par client pour la préparation et la livraison des paniers du vendredi. Nous avons rajeuni notre clientèle et affiché une publicité sur notre camion. Nous rédigeons une newsletter hebdomadaire. C’est indispensable car un tiers de nos clients ne nous connaissent pas. »
Autre décision : ils ont négocié une rupture conventionnelle avec l’ancien salarié à temps partiel. Il vient d’être remplacé par un ancien stagiaire, embauché en CDI. Sans augmentation de la production : « On s’y retrouvera, même si on prélève un peu moins. Nous sécurisons notre exploitation », évalue Christophe.
Depuis leur installation, ils ont pris des vacances, d’abord deux puis cinq semaines. « Nous ne passons pas une année sans formation, soit à l’Afocg, soit dans le réseau GAB (Groupement des agriculteurs biologiques) ou le Civam. Ces échanges entre pairs sont indispensables. Le travail peut vite isoler », conclut Christophe.
(1) Ils ont témoigné de cette expérience lors des journées nationales des Inter-Afocg à Figeac.
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